PRISON POSSESSION
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- Du mardi 13 au dimanche 25 janvier 2015
PRISON POSSESSION
De et par François Cervantes
L'Entreprise - Cie François Cervantes
« Janvier 2012 : je visite la prison du Pontet. Le bibliothécaire me dit que les détenus veulent de la poésie ou des autobiographies, pas de roman.
Je commence une correspondance avec quelques détenus. Cette privation de liberté, elle ne se partage pas, elle est indescriptible. La prison coupe les liens qui reliaient un individu aux autres et au monde. Un homme est amputé du monde et le monde est amputé d'un homme.
Je retrouve le rythme oublié du courrier, la circulation des enveloppes, les timbres, des écritures tracées à la main. Cet espace entre deux personnes, immobiles, une lettre à la main, devient vibrant. Notre relation ne ressemble à rien d'autre : ce n'est pas une amitié, ni une fraternité, rien... C'est une relation magique, je m'en rends compte peu à peu. Je retrouve mes premiers moments d'écriture, ceux de l'enfance : j'apprenais à écrire pour apprendre à parler.
Le texte qui naît de cette correspondance raconte de façon transparente la relation entre un auteur et un détenu. »
François Cervantes
Ecouter l'interview de François Cervantes par Michel Flandrin à l'occasion de la création de Prison Possession en avril 2014
Crédits photos : Melania Avanzato
PRISON POSSESSION
De et par François Cervantes
L'Entreprise - Cie François Cervantes
Représentations à la Friche Belle de Mai
Salle Petit Plateau
du 13 au 25 janvier 2015
Du mardi au samedi à 20h
Dimanche à 16h
Relache le lundi
Tarifs de 6€ à 10€
Réservations au 04 95 04 95 95
Il y a deux ans, je rencontre Erik
On m'a donné une carte blanche pour travailler avec des détenus d'une prison, et je ne sais pas pourquoi on a pensé à moi...
Alors je vais visiter la prison
Dès l'entrée, je me sens pris par quelque chose de difficile à décrire
Mon imagination s'arrête, paralysée
Je continue la visite, en essayant de comprendre ce qui m'arrive
On entre dans la bibliothèque, je fais le tour dans les allées, je regarde les llvres, et je rencontre Damas, qui a la charge de la distribution des livres
Je lui demande ce que lisent les détenus:
Ils empruntent des recueils de poésie et des biographies, mais pas de fiction...
Je pense à ça pendant tout le reste de la visite
Quand je croise un homme, je le regarde, mais je n'arrive pas à imaginer quelque chose
Quand des hommes se parlent, je ne sens aucun lien entre eux: ils ont l'air seuls, amputés de leurs liens avec le monde, de ce qui fait l'humanité
C'est suffocant
L'ensemble de la prison, la raison d'être de ces édifices, s'en prend à l'âme de ces hommes, sans que ça se voie
Je sors de ce bâtiment, vidé
Quelques semaines plus tard, je propose de correspondre avec des détenus, et je commence à recevoir des enveloppes timbrées, des lettres, auxquelles je réponds, sans savoir à qui j'écris
Des lettres, des mots échangés, pas de voix, pas de corps, presque rien...
Je me dis que je vais écrire une fiction à partir de toutes ces lettres, que petit à petit un univers prendra forme
Mais les mois passent et tout reste en poussière, éparpillé
Je pense de plus en plus souvent aux hommes qui m'écrivent, et surtout, à la prison: je suis obsédé par ce lieu qui paralyse mon imagination
Une voix se détache de toutes ces lettres, celle d'Erik
Erik, c'est un oiseau qui veut prendre l'avion au lieu de voler, un animal égaré au milieu des hommes."
François Cervantes, Prison Possession