PETITS CHOCS DES CIVILISATIONS

Après la trilogie, "Djurdjurassic bled", "Un bateau pour l'Australie", "Le dernier chameau", et la pièce "Tous les Algériens sont des mécaniciens" dont les ancrages réels ou imaginaires se situaient en Algérie bien qu'émaillés de clins d'oeil à la société française, avec "Petits chocs des civilisations", FELLAG pose, cette fois, ses valises et son regard en France.

L'indispensable Fellag met joyeusement son immense talent d'acteur et d'auteur au service d'un dynamitage généralisé des préjugés de tous bords, d'un combat réjouissant, plein d'humanité contre tous ceux qui veulent diviser pour mieux régner.

Une sorte de Charlie Chaplin venu de la Kabylie algérienne qui manie le verbe avec une dextérité sans pareil pour raconter entre rire et larmes les petites histoires de cette Algérie qu'il a dû quitter quand l'intolérance ne laissait plus aucune place à la critique humoristique et décalée et de cette France qui l'a accueilli. Cet exil forcé lui sert aujourd'hui pour parler sans langue de bois de cette étrange alchimie entre deux cultures, de cette fascination comico-tragique qui s'est emparée des deux rives de la Méditerranée. En français, en kabyle, en arabe algérien il traverse les questionnements les plus sensibles, les malentendus historiques, les préjugés stupides, avec un sens du comique méticuleusement organisé, précis et efficace, un comique qui développe une grande part de poésie, de tendresse et d'émotion. À un moment où l'on ne sait plus très bien ce que le mot «civilisation» veut dire, Fellag dynamite joyeusement et intelligemment la bêtise des intégrismes de tous bords.

Crédits photos : Denis Rouvre, Sylvain Bocquet - tri-angle.com