• OBJECTIVEMENT (?)

  • vendredi 03 juin 2016, 19h00
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"Si la sérigraphie warholienne tendait à épuiser le sujet par la multiplication des visages et mettait ainsi l'accent sur la critique de la société, les portraits d'Hadrien Favrole prennent le chemin exactement inverse.

 

Le peintre propose des gueules marquées, dont la morbidité semble échappée de l'univers de Van Dongen, et les pose dans un contexte nu où nul indice ne permet de les ancrer, de les réduire à un réalisme politique ou social.

 

Pourtant, ils sont là et s'imposent par leur trogne, étalent leurs vicissitudes, crispent leurs chairs dans une crudité dérangeante qui ne peut être que celle de personnages ayant vécu (mais quelle vie les a amenés ici, devant nous ?).

 

Les angles de vue de Favrole, glissant de plus en plus vers le conceptuel, nous obligent à nous confronter à ce qu'il reste de ces personnages et à leur tentative d'échappement au regard, à leur refus de la construction indiciaire.

 

Le décalage fait moins la part belle à l'expression du peintre qu'à la réception de son oeuvre. Ici, il s'agit davantage de se libérer de la tradition du portrait dans sa fonction commémorative ou essentiellement esthétique pour nous ramener à une relation primitive et salutaire, celle du plaisir d'échouer à saisir ce qui se montre et par là même nous échappe.

 

Favrole joue avec la perception de son spectateur en le confrontant à l'impossibilité d'une lecture objective.
Il suscite des lectures a priori conditionnées par notre manière de concevoir l'information et les fait vaciller.

 

Cet artiste nous propose de renouveler notre regard sur ce que nous croyons, il construit son oeuvre sur nos certitudes pour mieux les évacuer et nous interroger sur nous-mêmes."

Marième Seck